Un compositeur neuchâtelois

Compositeur plutôt méconnu en dehors de son canton d’origine (où tant le poste d’organiste qu’il a occupé à la Collégiale de Neuchâtel de 1942 à sa mort en 1987 que son activité pédagogique ont laissé des souvenirs), Samuel Ducommun a composé plus d’une centaine d’œuvres qui laissent percer les influences d’Honegger ou de Dupré – la rencontre avec ce dernier fut d’une importance capitale dans son développement.de musicien. Si certaines de ses compositions avaient été créées par exemple dans le cadre des fêtes annuelles de l’Association Suisse des Musiciens, nombre d’entre elles attendent encore leur première exécution. Antonin Scherrer, auteur de plusieurs livres consacrés aux musiciens Romands (dont récemment les biographies de Raffaele d’Alessandro chez Papillon et de Jean Perrin chez Infolio), s’appuie sur une exceptionnelle documentation pour retracer la vie et la carrière de Ducommun, qui fut également chef de chœur, professeur dans plusieurs établissements – où il sensibilisa d’innombrables élèves aux beautés de la musique – et enfin infatigable organisateur de concerts. Personnage sympathique et attachant, plume alerte sachant volontiers faire preuve d’humour, il passa toute sa vie à Neuchâtel et dans ses environs. Lors de ses nombreux récitals, il se mit plus souvent au service des œuvres de ses collègues compositeurs suisses ou étrangers (parmi lesquels Beck, Burkhard, Dupré, Gagnebin, Hindemith) qu’à celui des siennes propres.

Au fil des pages, on se trouve plongé dans une époque et une contrée où la religion était encore omniprésente, voire pesante, les musiciens largement sous-payés, la vie culturelle encore balbutiante en dehors des grands centres urbains (quand bien même des pionniers mettaient leurs talents à y remédier). Le graphisme agréable et aéré présente de nombreuses reproductions de documents et photographies, ainsi que de nombreuses notices biographiques permettant de (re-)découvrir de nombreux organistes, compositeurs et connaissances de Samuel Ducommun. Le fort cartonnage du livre se fait l’écrin d’un CD contenant principalement quelques œuvres du compositeur, dont on retiendra surtout la Toccata sur le nom de Marcel Dupré, ainsi qu’une improvisation, art dans laquelle il était passé maître, toutes deux relevant clairement de l’esthétique française.

Antonin Scherrer, Samuel Ducommun (1914–1987). De la terre jusqu’au ciel, 352 p., cd, Infolio éditions, Gollion 2014, ISBN 978-2-88474-352-5