Coup de projecteur sur l’histoire de la SSPM : de 1893 à 1920
Tout au long de l’année du jubilé, nous vous présentons un choix d’articles relatant les 125 ans d’histoire de la SSPM. Après la présentation dans le numéro de mars de la fondation de l’association, nous revenons ici sur son évolution jusqu’en 1939.
Après sa fondation lors de la première assemblée générale du 1er octobre 1893 au Restaurant Gotthard à Olten, la jeune association, qui s’appelait à l’origine « Schweizerische Gesang- und Musiklehrerverein » (SGMV), s’est d’abord consacrée à l’encouragement du chant dans les écoles et lors de concours avec des chœurs. En 1899, la SGMV organise déjà des cours de direction chorale qui suscitent beaucoup d’intérêt et reçoivent des aides considérables des cantons. En 1903 par exemple, ils sont suivis par 124 participants de 20 cantons. En 1906 a lieu le premier cours d’organistes. Il s’étire sur deux ans à raison d’une demi-journée d’enseignement pendant huit semaines par année. Comme le souligne l’organe de la SGMV, la nécessité de proposer ce cours s’est malheureusement confirmée « de manière douloureuse ». Pour la jeune association, c’est une période riche en initiatives et marquée par le plaisir d’expérimenter. Sa confiance professionnelle se reflète dans ses contacts très libres avec les autorités responsables de l’instruction publique. En 1911, soit 18 ans après sa création, le développement permanent des activités pédagogiques conduit l’association à se donner un nouveau nom et de nouveaux statuts: la Société suisse de pédagogie musicale (SSPM) était née. Les nouveaux statuts élargissent considérablement les tâches de l’association dans le domaine de la pédagogie musicale, et l’affiliation y est déjà réglée de façon plus stricte:
« La Société recherche l’association de tous les professeurs de chant et de musique, chefs d’orchestre, organistes, artistes interprètes et auteurs d’ouvrages sur la musique dans le but d’améliorer l’enseignement musical dans son ensemble, de promouvoir la musique dans la vie publique et d’améliorer le statut de professeur de musique.»
Signe de cette nouvelle confiance en soi, les Feuillets suisses de pédagogie musicale sont séparés de la Revue musicale suisse et deviennent une publication indépendante. La même assemblée pose les premiers fondements de la formation professionnelle SSPM, qui sera réalisée à partir de 1913. Qu’est-ce qui a poussé la SSPM à élargir ses activités en devenant une institution de formation? Son intention était d’améliorer l’enseignement musical en Suisse, conformément à l’objectif fixé dans les nouveaux statuts, et de proposer à cet effet ses propres examens de diplôme. Il s’agissait d’offrir aux nombreux musiciens suisses qui travaillaient dans leur domaine sans avoir suivi de formation formelle, la possibilité de prouver leurs compétences en passant un examen et d’obtenir un diplôme. Deux réunions suffirent au comité central pour rédiger et adopter le règlement correspondant. Les premiers examens de diplôme de la SSPM eurent lieu le 26 avril 1913 à Zurich. Les règlements de l’époque sont malheureusement perdus, mais il semble que les exigences aient été très dissuasives; sur une soixantaine d’intéressés, seuls cinq se présentèrent aux examens. Il a fallu refuser une inscription pour accordéon et tambour faute d’avoir pu trouver des experts pour ces instruments. Deux diplômes de piano, un diplôme d’orgue, un de violon et un de direction furent délivrés ce jour-là. Les examens comprenaient un petit récital et de la lecture à vue, une épreuve orale et un test écrit de théorie (y compris harmonie, formes musicales et histoire de la musique) ainsi qu’une leçon test ou une démonstration de direction. L’octroi du diplôme signifiait concrètement que leurs détenteurs étaient « recommandés [par la SSPM] comme professeurs de musique pour leurs branches respectives ». Dans un premier temps, le titre ne fut pas officiellement reconnu. Il est difficile de se faire une idée du niveau instrumental, mais tout porte à croire qu’il était au moins comparable à celui des conservatoires de l’époque; le comité central le souligne: « Nous veillons (…) à préserver l’honorabilité de nos enseignants en exigeant de la part des candidats aux examens tout ce qu’un professeur de musique ordinaire doit savoir. » Il précise à l’intention de ceux qui ne se sont finalement pas inscrits aux examens: « Nous espérons que [vous] êtes à présent convaincus que vous auriez pu vous épargner les coûts de la commande et nous éviter des frais d’envoi! » Comme on le voit, dès ces premiers examens, l’objectif de la SSPM n’était pas de professionnaliser de bons amateurs mais, conformément aux nouveaux statuts, d’améliorer l’enseignement musical tant dans le domaine privé que dans les écoles, pour qu’il atteigne progressivement un niveau professionnel.
Cinq ans plus tard, en 1916, les activités de l’association sont enfin étendues à la Suisse romande, et le nom français Société Suisse de Pédagogie Musicale est inscrit dans les statuts. L’association compte à ce moment 550 membres.
A cette même époque, les services proposés aux membres s’étoffent considérablement. La SSPM publie régulièrement une bourse d’emploi dans les Feuillets de pédagogie musicale, et constitue une bibliothèque de partitions. Jusque dans les années vingt, elle gère même des centres de conseil pour l’organisation de concerts qui visent à soutenir les membres à la place d’agents ou d’organisateurs professionnels. En 1919, pas moins de 80 centres avaient ainsi été créés en Suisse. La caisse de secours fait alors aussi partie intégrante des aides proposées aux membres.