Une brève histoire des écoles de musique en Suisse
Plusieurs écoles de musique suisses fêtent cette année leur 50e anniversaire. C’est qu’elles sont nées dans un élan général des années 1970. D’autres sont plus anciennes. Voici – en résumé – leur histoire.
Le bâtiment du Conservatoire de Genève à la Place Neuve, inauguré en 1858 – la première école de musique en Suisse (CGME)
Les écoles de musique sont souvent appelées « conservatoire », et l’origine de ce mot est amusante : à partir du 16e siècle en Italie, des prêtres ont créé des institutions qui recueillaient des jeunes filles, orphelines ou issues de familles très pauvres. On les « conservait » jusqu’à l’âge de les marier en les préparant à devenir des femmes respectables, notamment en leur donnant une bonne éducation musicale. Petit à petit, les cours de musique donnés dans ces « conservatori » ont été ouverts au public.
En France, à la Révolution, l’Académie royale de musique et l’Ecole royale de chant sont bien entendu fermées et on crée à leur place en 1795 un nouvel institut inspiré des écoles italiennes. On l’appelle Conservatoire de musique. Sa fonction ? « Produire les musiciens qui pourront célébrer les fêtes nationales. »
Le concept traverse la frontière en 1835 : le financier et mécène François Bartholony fonde le Conservatoire de musique de Genève. Franz Liszt figure parmi ses professeurs. D’autres écoles de ce type naissent dans cet esprit. Berne ouvre son Ecole de musique en 1858. Elle ne forme que des amateurs jusqu’en 1892, puis se renomme en Conservatoire (Konservatorium für Musik in Bern) en 1927. Le Conservatoire de Lausanne est fondé en 1861. Suivent Schaffhouse en 1866, Bâle en 1867, Zurich en 1876, Fribourg en 1904.
Le Conservatoire de musique de Vevey est créé en 1915 par Mathilde et Emile de Ribaupierre. Celui de Neuchâtel est constitué en automne 1917. Georges Humbert, son premier directeur, s’enflamme lors de son allocution d’ouverture : « il est anormal qu’une ville comme Neuchâtel n’ait pas d’institution d’enseignement musical digne du rang qu’elle occupe en Suisse comme ville d’éducation et d’instruction. » Tout un programme.
Charles Faller participe en 1927 à la création d’une Ecole de Musique qui prendra bientôt le nom de Conservatoire de La Chaux-de-Fonds. En 1949 est créé le Conservatoire cantonal du Valais par Georges Haenni. Le Conservatoire de musique de Montreux est fondé en 1964 sur l’initiative de Marcel Debluë, avec parmi les personnalités du comité de patronage un certain Ernest Ansermet. La même année naît à Delémont l’Ecole Jurassienne et Conservatoire de Musique. Et 1974 voit apparaître l’Ecole de musique de Saint-Imier, qui deviendra l’Ecole de musique du Jura bernois.
N’oublions pas qu’en parallèle à ces institutions officielles, il existe aussi de nombreuses autres écoles de musique. Depuis le Moyen âge, les abbayes et couvents dispensent des cours, basés sur le chant liturgique. Les cours d’instruments se prennent surtout en privé chez des musiciens, mais aussi au sein des compagnies de trompettes, de fifres et tambours, ainsi que des ensembles de musique militaire, dont seront issues les fanfares. Mentionnons également les chorales, profanes ou religieuses, qui forment aussi des chanteurs et chanteuses amateurs. Et puis, certaines personnalités créent leur propre école, à l’exemple d’Emile Jaques-Dalcroze, enseignant au Conservatoire de Genève, qui fonde l’institut qui porte son nom en 1915.
Après la Deuxième Guerre mondiale, un mouvement de création de nouvelles écoles de musique fleurit dans toute l’Europe, et la Suisse n’est pas en reste. C’est ainsi que naîtront de cet élan, la même année en 1975, l’Association suisse des écoles de musique (ASEM) et l’Union européenne des écoles de musique. Dès lors, quelque 400 écoles de musique sont apparues dans notre pays.