Les hautes écoles de musique suisses et le tissu associatif des chorales
Au sein du paysage tertiaire d’enseignement de la musique en Suisse, les hautes écoles de musique (HEM) jouent un rôle central dans la formation des musicien-nes professionnel-les. Au cœur de cette dynamique se noue un lien éminemment intéressant avec le tissu associatif des chœurs amateurs.
L’engagement et la créativité des étudiant-es et alumni des HEM s’entrelacent avec la passion des choristes amateurs, contribuant ainsi à la vitalité et à la richesse du paysage musical suisse pour mettre en relief l’ancrage régional extraordinairement riche des chœurs amateurs suisses et les liens qui les unissent aux HEM du pays.
Un ancrage régional hors norme pour une employabilité renforcée
La Suisse bénéficie d’une densité de chorales tout à fait remarquable en comparaison internationale. Près de 2000 chorales non professionnelles sont ainsi recensées dans le pays selon l’Office Fédéral de la Statistique avec parfois des concentrations cantonales très importantes (avec par exemple un Fribourgeois sur trente-cinq qui est choriste). Sur ce terreau favorable, des interactions se créent naturellement entre les HEM et le tissu associatif des chœurs amateurs. Enracinées dans les communautés locales et engendrant par leur nombre un maillage culturel impressionnant qui s’étend à travers tout le pays, l’engagement profond des chorales dans la société contribue à un tissu musical dense et diversifié auquel les HEM participent.
Il est vrai en effet que les étudiant-es et alumni des HEM apportent un élément crucial à cette forme de partenariat. Leur formation professionnelle, combinée à leur engagement au service de la musique, enrichit les rangs des chorales amateurs en apportant notamment un niveau de compétence musicale élevé et une compréhension approfondie de la musique. En échange, les engagements que les chorales offrent aux instrumentistes, chef-fe-s de chœur et chanteurs-euses constituent de précieux débouchés professionnels.
Selon Emmanuel Junod, co-fondateur à Genève de l’ensemble vocal Pierre de Lune et chef du chœur : « Les alumni et étudiant-es des HEM apportent des compétences indispensables à notre formation vocale. Leur expertise musicale élève notre niveau de performance et permet de donner des concerts qualitativement encore plus intéressants, tant pour le public que pour les choristes amateurs de l’ensemble vocal qui se sentent souvent inspirés par ces renforts et solistes. »
Un point commun à toutes les (hautes) écoles de musique
Loin d’être un phénomène isolé, le lien entre les HEM suisses et le milieu choral amateur est un point commun qui unit toutes les (hautes) écoles de musique du pays. Ainsi, chaque institution reconnaît l’importance de cette symbiose pour la culture musicale suisse dans son ensemble et pour ainsi dire toutes – de l’école de musique de quartier à la HEM en passant par le conservatoire cantonal – proposent des formations qui permettent d’alimenter et de vivifier cette richesse culturelle nationale.
Du point des vues des HEM, cela se traduit par une offre fournie tant en Bachelor et Master qu’en formation continue, que ce soit en matière de direction chorale, musique religieuse, ancienne, contemporaine ou en gestion de projets et formation des instrumentistes et chanteurs-euses. Les collaborations avec les chœurs amateurs sont aussi une partie intégrante des programmes pédagogiques, notamment sous l’angle de la médiation musicale et du développement du rôle de musicien-ne dans la société et pour la société.
À ces éléments trouve l’écho conclusif des mots d’Emmanuel Junod : « Je suis issu pour ma part d’une filière universitaire Musique et Musicologie et bénéficie donc d’une formation professionnelle de musicien mais je me considère aujourd’hui comme un électron libre à même de rassembler différentes personnes issues tant des HEM que du milieu des amateurs-trices éclairé-es. Tous les efforts mis en place pour renforcer la culture musicale moyenne de la population suisse, afin de renouveler voire élargir le nombre de personnes ayant le goût pour une forme de musique exigeante qui constitue notre patrimoine commun, participe à l’ADN de notre pays qui se distingue des autres par ce tissu
musical choral absolument exceptionnel. »