Activités pédagogiques et interprétatives (api)

Projet de recherche mené à l’HEMU – Haute École de Musique, déployé sur deux Hautes Écoles de Musique de Suisse romande (HEMU et HEM Genève), API explore l’activité d’écoute musicale de personnalités artistiques et pédagogiques de renom et d’ étudiant·es en voie de professionnalisation. Ainsi, quatre professeur·es (Ophélie Gaillard, Virginie Robillard, Pierre-Stéphane Meugé et Cédric Pescia) et neuf de leurs étudiant·es, ont participé. Basés à la fois sur la transmission de savoirs (théoriques et expérientiels) mais aussi sur l’expression créative, les objectifs du cours d’instrument de niveau professionnel révèlent un paradoxe : D’un côté, le ou la professeur·e se doit d’incarner un modèle tout en favorisant l’autonomie artistique de l’étudiant·e. De l’autre, l’étudiant·e développe des connaissances et une maîtrise dans la lignée de celui ou celle qui lui enseigne, tout en cherchant à s’en émanciper pour affirmer ses propres conceptions interprétatives.

Une méthodologie orientée analyse de l’activité et centrée sur le primat de l’acteur
Le projet API vise à documenter l’activité d’écoute du professeur·e et de l’étudiant·e lors d’un cours individuel d’instrument afin de développer, tant chez l’un·e que chez l’autre, des compétences à l’écoute, terreau expérientiel propice à l’émergence du nouveau adossé à la transformation de l’existant.

Pour ce faire, la recherche API a consisté en une première étape dans laquelle neuf cours ont été filmés. Dans un deuxième temps, professeur·es et étudiant·es ont participé individuellement à des entretiens dits d’autoconfrontation. Se retrouvant face aux traces de son activité (en l’occurrence l’enregistrement du cours), chaque sujet était invité à expliciter ses actions, discours privés, interprétations, préoccupations, focalisations, perceptions, attentes ou encore connaissances mobilisées et construites.

Les caractéristiques de l’activité d’écoute musicale en situation pédagogique
Trois caractéristiques définissent l’écoute musicale. La première, l’expectative, définit l’écart entre l’attente et la perception, naviguant de la prévisibilité à la surprise. La deuxième, la granularité, incarne l’engagement dans l’écoute, variant de l’hyperécoute à l’écoute globale. La troisième, la reliance, représente le degré de similitude dans la conception interprétative, allant de l’adhésion à la divergence. Le projet API a également mis en lumière que l’acteur entreprend une démarche d’enquête lui permettant d’identifier, repérer, mettre en regard, prioriser, évacuer et projeter. 

Sur les pas d’API
Les éléments mis en lumière par le projet API suggèrent des pistes en termes de formation initiale des étudiant·es ou continue des professeur·es. API a permis d’expérimenter un prototype formatif pertinent invitant chacun à se laisser surprendre par sa propre activité. Dans cette perspective, le dispositif d’autoconfrontation a été implémenté à l’HEMU dans le cadre de l’unité d’enseignement de pratiques réflexives suivie par les étudiant·es en Master de pédagogie. L’étudiant·e est invité·e à construire son récit à partir de ce qui lui semble pertinent pendant l’activité. Le fait de se confronter à ses traces lui permet de rendre compte et se rendre compte. Dans la sphère de l’enseignement non-professionnel, le dispositif « évaluer autrement » est expérimenté au Conservatoire populaire de musique danse et théâtre auprès du trinôme élève-professeur-jury. Grâce à l’utilisation de la vidéo et un travail autour de la priorisation de critère dans l’écoute, chacune ou chacun est invité à développer ses compétences en termes d’écoute musicale.

Vidéo du projet de recherche API – PÉDAGOGIE & INTERPRÉTATION