Se sentir bien, c’est rester motivé

Swissmedmusica a tenu son symposium le samedi 11 novembre dernier à Fribourg sous le titre « Are you motivated ? »

En ouverture, Justine Pittet (violon), Nino Overney (alto) et Edgar Dupré (violoncelle) du Conservatoire de Fribourg ont joué le Trio à cordes op. 10 d’Ernst von Dohnányi. Photo : Swissmedmusica

Longtemps, la prévention dans l’enseignement musical a été un sujet tabou, selon Pia Bucher, membre fondatrice de la Société Suisse de Médecine Musicale, aujourd’hui Swissmedmusica SMM, dans son message de bienvenue de la Fondation Suisse des Artistes Interprètes SIS. Personne ne voulait admettre que dans le métier de musicien ou musicienne, on ne se sentait pas toujours bien. Mais la pandémie a entraîné un changement de mentalité. La sécurité sociale contribue fortement à la bonne santé psychique et physique. C’est pourquoi Pia Buchher a conseillé aux personnes présentes de visiter le portail de prévoyance pour les personnes actives dans le domaine culturel « sein-oder-nichtsein.ch » et de s’informer sur les possibilités offertes.

Faire de la musique de manière autodéterminée

Les trois premiers exposés ont eu pour fil rouge l’exigence d’individualité : Anke Grell a rappelé que pour les enfants et les jeunes, l’enseignement musical est souvent le seul moment seul à seul avec un adulte en dehors de la famille. La responsabilité qui en résulte pour les professeurs de musique va de soi. Un enseignement ludique et adapté aux besoins individuels permet de maintenir la motivation pour jouer de la musique et s’y exercer. Les élèves sont amenés à découvrir avec quel effort ils ou elles atteignent leurs objectifs et doivent pouvoir assumer eux-mêmes la responsabilité de leur pratique en fonction de leur niveau de formation. Il en résulte une motivation intrinsèque qui est plus durable que celle qu’impose l’environnement familial ou des enseignants trop ambitieux.

Oliver Margulies a étonné l’assistance en déclarant que trois quarts des musiciens et musiciennes professionnels ont des problèmes de santé liés à leur métier. Les crispations, les mauvaises postures et les efforts unilatéraux les conduisent à ressentir des douleurs dès leur adolescence. Il est donc important que les étudiants et étudiantes des hautes écoles de musique bénéficient d’un soutien individuel en ce qui concerne la physiologie de la musique. Ceux et celles qui se sentent bien en faisant de la musique restent motivés, et ceux ou celles qui travailleront en tant que pédagogues musicaux pourront, grâce aux connaissances acquises, avoir un impact très positif sur leurs élèves.

Carine Tripet Lièvre a fait un vibrant plaidoyer en faveur d’un soutien individuel des étudiants de musique en cas d’échec. Elle a décrit la motivation comme un moteur qui, en guise de carburant, est nourri par l’engagement et l’effort. Les étudiants reconnaissent les efforts qui mènent au succès.

Si cette récompense est absente, l’enseignant ou enseignante doit faire redémarrer le moteur en panne en proposant une tâche qui peut être résolue immédiatement, par exemple dans le cours suivant.

Selon Antonia Pfeiffer, la peur de se produire en public peut être contrée par des affirmations positives et on peut la « tapoter pour la faire disparaître » : la méthode s’appelle PEP et consiste à tapoter sur des points d’acupuncture tout en se plaçant mentalement dans une situation angoissante ou génératrice de stress.

 Un engagement émotionnel apporte de l’interaction

Comme après chaque exposé, la modératrice Isabelle Freymond a tenté à ce moment-là de motiver l’assistance à poser des questions. « Est-ce que l’absence de questions pourrait être due au manque de lien avec la pratique ? », a demandé quelqu’un. – Les thèmes traités avaient tous un lien avec la pratique et les exposés étaient riches en informations. Il était toutefois un peu fatigant que les intervenants et intervenantes se contentent de lire leurs PowerPoint. Quelques éléments interactifs auraient sans doute été une source de motivation supplémentaire.

Christian Studler. Photo : Swissmedmusica

Le moment idéal donc pour l’exposé de Christian Studler : il a parlé de sa pratique de musicien et de professeur de flûte traversière. « Les peurs se sentent chez elles dans l’âme du musicien », a-t-il déclaré, trouvant effrayant qu’à la Haute école des arts de Berne, des classes entières avalent des bêtabloquants avant chaque représentation. Son remède contre l’inculcation de la peur de se produire en public est une culture du feed-back, dans laquelle les étudiants se sentent acceptés pour ce qu’ils sont. L’accent ne doit pas être mis sur l’obligation de performance et la lutte contre les erreurs. La critique doit plutôt montrer tout ce qui existe déjà, tout ce qui est bon et comment on peut s’appuyer dessus. On l’a cru quand il a dit qu’il avait formé des personnes pendant son enseignement, et non des machines musicales. Il est intéressant de noter que son exposé a suscité une avalanche de questions. C’était une démonstration de la manière dont un engagement et une émotion véritables peuvent motiver !

Le 19e symposium de la SMM, d’ailleurs bilingue avec traduction simultanée, était parfaitement organisé par le président Wolfgang Böhler et son équipe. Les pauses et l’apéritif qui a suivi ont laissé du temps pour des discussions animées avec des collègues des domaines de la musique, de la pédagogie musicale, de la médecine, de la psychologie et de la thérapie, et des stands d’exposition ont permis de s’informer sur les nouvelles méthodes d’enseignement, les accessoires d’instruments auxiliaires et les méthodes de prévention. La prévention est d’ailleurs au cœur de l’organisation depuis le changement de nom en Swissmedmusica.

Tout cela nous motive à nous rendre au symposium anniversaire l’année prochaine !

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