Souvenirs du Lied
De grandes pages de Schubert, Reinecke, et von Weber jouées sur des instruments de l’époque.
Dans un temps qui peut paraître antédiluvien, mais qui n’est pas si éloigné que cela, des musiciens se spécialisaient en jouant sur des instruments historiques, conspués par les tenants d’une vérité qui refusait toute remise en question. Il n’était pas rare d’entendre des propos peu étayés tels « Si Bach avait connu le piano, si Mozart avait connu le hautbois moderne… ». Les interprètes qui faisaient des recherches sur l’organologie et l’interprétation historique étaient observés avec une condescendance amusée, voire agacée, par leurs collègues qui n’avaient que faire de ces considérations qui, selon eux, n’étaient qu’un effet de mode ridicule. Des chefs renommés, tels Abbado ou Rattle se sont mis à interpréter Bach ou Mozart suivant le chemin tracé par Harnoncourt, la donne a changé…
Aujourd’hui la plupart des musiciens savent aussi bien jouer le répertoire contemporain sur un instrument moderne et la musique des siècles passés sur un instrument d’époque. C’est le cas de Guy Raffalli, que l’on peut apprécier dans des pages actuelles et qui, dans cet enregistrement, troque sa flûte d’argent pour retrouver le timbre pour lequel Schubert, Reinecke et von Weber ont écrit, grâce à une flûte en bois du facteur Abell. Il est accompagné avec finesse par Adalberto Riva, qui touche ici le piano Braschoss du château de Gruyère. De grandes pages du répertoire que l’on a plaisir à redécouvrir sous des atours tout de fraîcheur et de clarté. L’on peut être surpris par le tempo relativement lent que les interprètes impriment aux variations sur Trockne Blumen de Schubert. Simplement, les musiciens se souviennent du Lied d’origine et laissent de côté une virtuosité tapageuse dont le poème n’a que faire. Dans la même ligne, l’Undine de Reinecke fait nettement référence, dans cet enregistrement, au conte de Friedrich de la Motte-Fouqué, à son monde enchanté peuplé de divinités et de héros chevaleresques. Si la sonate en la bémol majeur de Carl Maria von Weber est moins connue, c’est qu’elle est à l’origine écrite pour piano solo. Guy Raffalli s’en souvient et se place en coloriste, ajoutant une clarté à l’architecture de l’œuvre.
Guy Raffalli, Flute; Adalberto Riva, Piano. Œuvres de Franz Schubert, Carl Reinecke, Carl Maria von Weber. Gallo CD-1462