Les petits chanteurs de St Urs

Un programme avec des incontournables et des découvertes présentés par le chœur de garçons de la cathédrale St Urs de Soleure sous la direction de Andreas Reize.

Photo : Singknaben

Si l’Allemagne et l’Angleterre possèdent nombre de maîtrises de garçons, il n’en va pas de même dans notre pays. En effet, l’on y rencontre d’excellents chœurs d’enfants et de jeunes dans lesquels les garçons peuvent se compter sur le doigt d’une main. Dès lors, pourquoi maintenir cette tradition de nos jours ? Simplement parce que le son est très différent d’un chœur d’enfants mixte. Et c’est justement d’abord le son qui titille agréablement notre oreille dans cet enregistrement des petits chanteurs soleurois. Avec un programme éclectique et très exigeant, Andreas Reize sait conduire les voix pour en produire un son riche d’une belle rondeur.

De la Renaissance de Croce à Mendelssohn et son sublime Richte mich Gott en passant par le Magnificat de Purcell, l’on retrouve quelques incontournables de la musique chorale. Mais l’intérêt va avant tout vers les découvertes de cet enregistrement. Si le chœur est un peu moins à l’aise dans le répertoire ancien (le difficile Magnificat de Henry Purcell) il est remarquable dans les pièces contemporaines. De Paul Mealor (*1975), les chanteurs de St Urs interprètent Peace puis Ubi Caritas. On est surpris par la maturité du son des ténors et basses, sachant que certains d’entre eux viennent à peine de muer. Quelques pièces très ardues tant sur le plan harmonique que rythmique (Alleluja de Runestad ou son célèbre Nyon Nyon, Jubiliate Deo, du compositeur tessinois Ivo Antonini (*1963), Ronda Catonga, arrangé par Pablo Roballo ou encore Gaur Akelarre de Josu Elberdin (*1976), sont chantées avec un aplomb et une maturité étonnants. En plus de la mise en place d’une précision redoutable, les voix sonnent avec une belle liberté, défiant les difficultés avec bonheur. En marge de ce voyage choral plutôt sérieux, il y a le plaisir de desserts sucrés avec Sing A Cappella de Ben Parry (*1965) ou Skyfall arrangé pour chœur par Alex Turley (*1995) et du « standard » soleurois (S’Solothurnerlied, arrangement de Mario Ursprung (*1944)). Si, trop souvent, l’on aime les chœurs d’enfants et de jeunes parce que c’est « joli », on apprécie hautement le fait que cet enregistrement propose du « beau ». Les Singknaben de la cathédrale soleuroise jouent dans la cour des grands !

Sing a cappella ! Singknaben der St. Ursenkathedrale Solothurn, direction : Andreas Reize. Rondeau Productions ROP6171

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