230 ans d’œuvres lyriques russes

Un livre de référence signé par André Lischke, grand spécialiste, depuis longtemps reconnu, de la musique russe.

Alexander J. Golowin: Portrait de Feodor Chaliapin dans le role de Boris Godunow. Source : wikimedia commons

Rendre passionnante la lecture d’un ouvrage documenté et précis est tout un art, dont l’auteur de ce guide se sert avec talent, n’hésitant par ailleurs pas à prendre parti avec sincérité. Si Tchaïkovski, Moussorgski, Borodine, Rimski-Korsakov et Prokofiev se trouvent logiquement privilégiés (par exemple, plus de 40 pages pour Boris Godounov et ses multiples versions et adaptations), on peut également découvrir de nombreux musiciens peu connus en Occident, tels les auteurs d’opéras-comiques du 18e siècle, influencés par l’esthétique française, les premiers romantiques comme Verstovski, le futuriste pré-dadaïste Matiouchine, le soviétique révolutionnaire Dechevov, le jdanovien Khrennikov ou le représentant de l’Avant-garde Karetnikov, mais aussi des opéras méconnus ou inachevés de compositeurs majeurs (Salammbô de Moussorgski, Bogatyri de Borodine ou Orango de Chostakovitch). Ce large choix d’opéras, composé uniquement par des grands-russiens, à l’exclusion des ressortissants des autres nations que la Russie avait annexées, est divisé en périodes chronologiques ou esthétiques – sans la nouvelle génération, puisque le plus «jeune » compositeur présenté est né en 1955.

Une riche introduction se penche sur les sources littéraires, les livrets et leurs sujets (à prédominance historique, légendaire, féérique, ou se basant sur les grands écrivains russes, en particulier Pouchkine), les interprètes et les théâtres. Chaque compositeur est présenté plus ou moins succinctement (courte biographie ou véritable introduction selon son importance), et André Lischke ne se contente pas de décrire les œuvres abordées, mais les situe dans leur contexte social, politique ou culturel. Quant aux notices consacrées aux opéras, on y trouve pour les plus développées, suivant la valeur de l’œuvre, outre le synopsis détaillé, une introduction retraçant ses origines et celles de son livret, sa place dans la production du compositeur, un commentaire analytique plus ou moins fourni, une description des types vocaux utilisés ou du profil psychologique des personnages, ainsi qu’une discographie. Largement de quoi acquérir une excellente connaissance de plus de 130 ouvrages lyriques.

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André Lischke : Guide de l’opéra russe, 778 p., € 38.00, Fayard, Paris 2017, EAN 9782213704524

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