Histoire de l’écoute musicale
Une imposante anthologie permet de suivre les variations de la perception musicale au cours des âges, de l’Antiquité à 1900 environ.

Longtemps, la musicographie s’est surtout préoccupée des émetteurs (compositeurs et musiciens). On peut cependant constater depuis plusieurs années la multiplication des études universitaires analysant les récepteurs, principalement le public bien sûr, mais aussi les philosophes, les scientifiques, les théologiens… ou les musiciens eux-mêmes à l’écoute de leurs collègues ou en situation d’autoécoute.
Les éditions MF et la Philharmonie de Paris ont coédité une monumentale anthologie, la première dans ce domaine. Colligée par une équipe de spécialistes sous la direction de Martin Kaltenecker, elle est susceptible d’intéresser autant les amateurs que les professionnels. Particulièrement passionnant s’avère l’aspect historique, puisque le choix des écrits, présentés à chaque fois dans leur contexte (plus de 1100 témoignages, fragments littéraires ou théoriques, critiques, réflexions et anecdotes, de même qu’une iconographie d’une petite centaine de tableaux, sculptures, fresques, enluminures, gravures ou autres artefacts), s’étend de l’Antiquité homérique au début du 20e siècle, lorsque les enregistrements phonographiques modifient les habitudes de perception des sons musicaux.
Cette somme fascinante, quoique limitée à la civilisation occidentale, questionne les lieux, les moments et la pratique de l’écoute, scrute les paysages sonores, révèle une grande variété d’attitudes, examine les pouvoirs sacrés et thérapeutiques attribués à la musique, et dévoile des théories physiques et philosophiques de l’audition.
L’Écoute. De l’Antiquité au XIXe siècle, une anthologie, sous la direction de Martin Kaltenecker, 1364 p., € 40.00, Editions MF, Paris 2024, ISBN 9791094642344